Résumé

Les années 68 ont été la période où la "question immigrée" est apparue pour la première fois dans l’espace public français. A travers les grèves des travailleurs immigrés, les mobilisations contre les actes racistes, la naissance du mouvement des sans-papiers et les "grèves des loyers" des foyers Sonacotra, le "travailleur immigré", soutenu par le mouvement pro-immigré issu de Mai 68, devient une figure politique à part entière. L’intervention vise à rendre compte du croisement de deux histoires, celle des immigrés et celle du souffle de 68, sur le terrain des luttes sociales, afin de comprendre comment les luttes de l’immigration se sont articulées avec le mouvement profond de remise en cause des relations de domination soulevé par Mai 68, et comment les militants français des années 68 se sont saisis de la question immigrée. Mais si ces luttes participent à la crise du consentement à la domination, elles butent sur le clivage national/étranger : à partir des réflexions d’Abdelmalek Sayad, on essaiera de comprendre pourquoi la crise du consentement trouve ses limites face à l’ordre national.

Références bibliographiques

 Mogniss H. Abdallah, J’y suis, j’y reste ! les luttes de l’immigration depuis les années 1960, Reflex, Paris, 2000.

 Yvan Gastaut, « Le rôle des immigrés pendant les journées de mai-juin 1968 », Migrations Société, n°32, mars-avril 1994, pp. 9-29.

 Daniel Gordon, « "Il est recommandé aux étrangers de ne pas participer" : les étrangers expulsés en mai-juin 1968 », in Migrations Société, vol. 15, n°87-88, mai-août 2003, pp. 45-65.

 Xavier Vigna, « Une émancipation des invisibles ? Les ouvriers immigrés dans les grèves de mai-juin 1968 », in Ahmed Boubeker et Abdellali Hajjat (dir.), Immigrations en lutte. Des travailleurs indigènes aux héritiers de l’immigration postcoloniale, Amsterdam, Paris, à paraître le 20 juin 2008.

 Abdelmalek Sayad, La double absence, Seuil, coll. « Liber », 1999.